Classics / Interview Express
Retour en quelques questions, directement avec son auteur, sur un des morceaux mythiques des années 80 ou 90…
Aujourd’hui, rencontre avec Shazz, aka Aurora Borealis pour « The Milky Way » sorti en 1994.
Oldskool : Quand The Milky Way sort en 1994, tu as déjà une carrière de producteur en place, avec notamment des sorties Techno / House. Le 1er EP d’Aurora Borealis est aussi dans cette veine là. Mais The Milky Way, c’est clairement trancy, aussi bien au niveau des sons que du tempo et de l’énergie. Comment tu expliques ce changement dans ta production ? L’influence de la scène rave de l’époque ? Ou une envie de faire de la trance, tout simplement ?
Shazz : A l’époque on ne se posait pas la question d’un changement de direction ou pas, on faisait ce qu’on avait envie de faire. On changeait simplement de pseudonyme pour ne pas tout mélanger. Je ne me souviens plus vraiment comment The Milky Way est né, mais il y a certainement eu un rapport avec ce qu’on entendait à l’époque dans les clubs et raves. Le coté puissant et musical de la Trance avec ses grosses nappes de synthé m’avait toujours interpelé, et puis je n’ai jamais voulu être cantonné à un seul style.. C’est comme manger tous les jours la même chose, ma discographie le prouve d’ailleurs. Alors de me confronter à quelque chose de radicalement diffèrent de ce que je faisais m’avait beaucoup amusé.
Est-ce que tu sens, au moment de la création du track, que ça sera un tube ? D’ailleurs, est-ce que c’est de suite un tube ?
Oui j’ai senti immédiatement qu’il se passerait quelque chose avec ce titre et ce dès sa création, j’ai senti que le morceau serait important dans ma carrière, et toutes les réactions qui ont suivi avant et après sa sortie, n’ont fait que confirmer ce feeling.
Comment se passe la production du track, tu te rappelles de ton setup de l’époque ? Comment ça se passe aussi avec les remixers du début ?
J’ai produit ce track avec très peu de matériel, à l’époque tout coûtait extrêmement cher et on se débrouillait comme on pouvait.. J’ai quasiment tout fait avec un expander Roland D110 et un sampler Yamaha TX16W (une usine à gaz avec seulement 1.5 MB de ram). Le choix des remixers s’est fait d’un commun accord avec Eric Morand et Laurent Garnier (NDLR : les fondateurs du label F-Communications sur lequel sort le morceau), les artistes étaient des « proches » de l’époque.
Est-ce qu’il y a une anecdote spéciale liée au track ?
Je me souviens d’avoir fait écouter la démo du titre (sur cassette 🙂 dans la voiture de Laurent en compagnie de Ludovic Navarre et Eric Morand, on s’est tous dit que ce serait forcement un hit ! Un très bon souvenir.
Est-ce que tu as directement participé à la création du clip ?
Non pas du tout, mais on voulait que la vidéo soit un réel reflet des projections vidéos que l’on trouvait dans les raves à cette période.
En 1996, au moment de la mode « Dream Music », le morceau ressort en CD 2 titres (avec le remix de Carl Cox, d’ailleurs), et le sticker « The origins of Dream Music ». Il y avait aussi un petit texte à l’intérieur qui expliquait que le terme « Dream Music » était clairement un terme marketing inventé pour l’occasion. Est-ce que tu étais à l’origine de ça ? Comment tu percevais cette bascule vers l’ultra grand public d’une partie de la Trance et la Techno à cette époque ?
Non pas du tout, je ne me souviens pas vraiment de ce single, mais j’imagine que le label PIAS avait en tête d’essayer d’en faire un hit grand public en profitant de la vague Dream Music très inspirée de la scène Trance qui cartonnait à ce moment là, surtout avec Children de Robert Miles que l’on entendait partout.

Est-ce que tu dirais que le track a changé ta vie ?
Oui et non… Disons qu’il m’a aidé à avoir un peu plus de moyens car les temps étaient très durs à mes débuts, je vivais avec très peu d’argent. Avec les lives, j’ai pu gagner ma vie correctement, acheter du matériel et avancer plus sereinement.
Plus de 25 ans après, quels sont tes sentiments en le réécoutant ?
La production de ce titre est tellement marquée dans le temps avec ce tempo complètement dingue qu’il est difficile pour moi de savoir quoi en penser. Mais le gimmick et les nappes restent toujours imparables 🙂
Dirais-tu que tu es nostalgique des 90s, ou d’une partie de ce que ça peut représenter du moins ?
Disons que je suis nostalgique de l’insouciance et de la liberté que j’avais et qu’il y avait globalement à l’époque, et surtout du coté festif des soirées sans le côté ultra business d’aujourd’hui avec ces DJs méga-stars. En plus nous étions au tout début de ce mouvement, tout ce qui parait évident aujourd’hui au niveau son, était tout nouveau à l’époque. A chaque apparition d’un nouveau style de House ou de Techno, c’était une véritable révolution. D’ailleurs il n’y a rien eu d’aussi créatif depuis ces 30/40 dernières années, tout ce qu’on entend aujourd’hui est inspiré plus ou moins de cette époque ou des années 80.
Penses-tu refaire un jour un track avec le projet Aurora Borealis ?
Pourquoi pas, mais moins énervé 🙂
Plus d’informations sur Shazz : Site Officiel – Facebook – Twitter
Histoire de l’électro merci Shazz
Il a gardé le bouc !
A l’An-fer lors des résidence de Tonio dans le cadre de ses soirées Space, quand il balançait celui-là, c’était signal qu’on allait plus s’arrêter jusqu’à la fermeture.
Le remix de Guigui (Lunatic Asylum) est aussi une grosse claque (il a dû remplacer le lead par un DX9, je pense ?)
Merci pour le détail du matos !